Politique d’écriture inclusive

Politique organisationnelle en écriture inclusive

Nos principes

  • Nous reconnaissons l’existence de discriminations spécifiques et systémiques à l’égard des femmes, des personnes trans et des personnes non-binaires et nous affirmons l’existence de la marginalisation intellectuelle genrée (M. Goulet-Langlois et D. Tyburce). Nous reconnaissons que le langage peut être un outil d’invisibilisation pour toute personne minorisée.
  • Utiliser l’écriture inclusive, c’est reconnaître l’existence de la discrimination par le genre. C’est une démarche politique et inclusive.
  • Nous reconnaissons qu’historiquement, le masculin à valeur de neutre dans la grammaire française découle d’un projet politique ouvertement misogyne et discriminant.
  • Inventer des mots n’est pas nouveau : nous affirmons que le langage est un outil social, pas un absolu.
  • Nous reconnaissons la liberté à l’autodétermination de genre.

Nos engagements

  • Nous abandonnons les règles priorisant le masculin.
  • Nous choisissons une ou plusieurs stratégies d’écriture inclusive, seules ou cumulées selon l’objectif, le contexte et le type de texte, à l’oral et à l’écrit.
  • Nous souhaitons nous conscientiser ainsi que nos milieux de vie personnels et professionnels pour provoquer un réflexe qui vienne de soi.
  • Pour une meilleure intégration de la pratique et la cohérence globale des textes, nous visons à parler et écrire de façon inclusive et non à traduire a posteriori.
  • Nous cherchons à encourager la réhabilitation des femmes et les personnes non-binaires en tant qu’autrices et en tant que sujets de textes dans la langue française.
  • Nous rejetons dans notre pratique professionnelle tout texte ou propos sexiste, raciste, capacitiste, homophobe, transphobe, etc. à moins que cela ne serve une réflexion critique.
  • Nous offrons et adoptons des propositions lexicales et syntaxiques d’écriture inclusive.

Petit guide d’écriture inclusive

Mode d’écritureDéfinitionExemples
Par extensionNous privilégions le point médian ou le tiret*. Si la marque du pluriel est partagée, elle ne se trouve qu’une seule fois à la finLes nombreux·ses participant·e·s
Les élu-e-s locaux-ales
Écriture épicène
d’apparence neutre
Noms communs non genrés désignant un groupe de personneLes bénéficiaires
Les membres
Les ministres
Écriture épicène
autonome
Juxtaposition de la forme féminine et masculine
Cette forme exclut les personnes non binaires. À n’utiliser que si l’on sait que le groupe est composé de personnes s’identifiant au genre masculin ou féminin.
Les étudiantes et
les étudiants
La féminisation
ostentatoire
Privilégier le mot féminin le plus différent du masculin
(particulièrement à l’oral)
L’autrice plutôt que
l’auteure ; La poétesse
plutôt que la poète
Le féminin génériqueLe genre grammatical féminin est considéré comme genre neutre.
Utilisé à l’interne.
« Dans ce document, l’emploi du féminin n’a d’autre fin que d’alléger le texte. »
* Le point (.), parfois utilisé pour la féminisation, peut nuire à l’accessibilité du texte
en créant l’apparence d’une fin de phrase pour les logiciels de synthèse vocale (TTS).

Cette politique est largement inspirée de celle d’Exeko, avec leur accord. Voir exeko.org/a-propos. Nous les remercions pour leur précieux travail.

D’autres notions de base

Éviter de mégenrer

  • Nous recommandons d’éviter d’utiliser inutilement les formulations genrées et de favoriser une syntaxe épicène. Nous privilégions par exemple « Bonsoir tout le monde » plutôt que « Bonsoir mesdames et messieurs » ou encore « Aimes-tu le résultat ? » au lieu de « Es-tu content(e) du résultat ? ».
  • Afin de s’éloigner de la cisnormativité et de favoriser un environnement sécuritaire où les personnes peuvent se sentir respectées et accueillies dans l’expression de leur identité de genre, nous encourageons tou·te·s nos employé·e·s à indiquer leurs pronoms dans leur signature de courriel et leur identifiant Zoom par exemple.
  • Indiquer ses pronoms est une invitation et non une obligation. Nous sommes conscient·e·s qu’il n’est pas toujours désiré, ni sécuritaire pour les personnes trans ou non binaires d’indiquer leurs pronoms et ne voulons en aucun cas contribuer à leur inconfort. Toutefois, nous invitons fortement les personnes cis à les indiquer afin de s’éloigner de la cisnormativité et créer un espace où les personnes peuvent se sentir respecté·e·s et accueillies dans l’expression de leur identité de genre. 
  • Nous recommandons de ne jamais prendre pour acquis le genre de ses interlocuteur·trice·s et de toujours s’informer de leurs préférences en termes de pronoms et d’accord. Si une personne utilise plus d’un pronom (par ex. : elle/iel), n’utilisez pas seulement l’un des deux, mais alternez !
  • Si vous vous trompez, reprenez la phrase où vous vous êtes trompé·e en utilisant le bon pronom, après une brève excuse. Ne vous excusez pas pendant des heures : la personne mégenrée n’a pas à vous dire que ce n’est pas grave ou à prendre la charge émotive de vous rassurer.
  • Nous favorisons l‘écriture par extension plutôt que par doublets afin d’inclure les personnes non-binaires. Pour désigner un groupe mixte, nous dirons par exemple iels plutôt qu’elles et eux, ou celleux plutôt que celles et ceux.
  • À noter : nous avons adopté le iels pour désigner un groupe mixte, toutefois, il est à noter que certaines personnes non-binaires peuvent avoir choisir un autre pronom (ille, y, ul, ael, etc.) pour se désigner et il importe de ne pas associer automatiquement la non binarité à iel, mais bien de respecter le choix de chaque individu.

Choisir ses mots

  • Nous demandons d’éviter d’utiliser tout·e terme ou expression qui fait référence à une construction sexiste, raciste, hétéronormative, capacitiste ou colonialiste de la langue.  Si on en utilise un, on se reprend simplement après une brève excuse. Pas besoin de se défendre si quelqu’un nous reprend, on remercie : on est toujours en train d’apprendre.
    Quelques exemples : parler de « l’Homme » pour parler de l’humanité, dire des « Indien·ne·s » pour parler des Premières Nations ou des peuples autochtones, de « dialogue de sourd·e·s » pour parler d’incompréhension…
  • Être si possible spécifique dans la désignation de l’origine ethnique d’un·e individu·e. On préférera la désignation Burkinabé·e, Chilien·ne ou Mohawk à Africain·e, Latinx ou Autochtone.

Dans toutes les langues

Cette politique est centrée sur le français car il s’agit de notre principale langue de travail. Notre équipe étant composée de gens ayant différentes langues maternelles, nous souhaitons honorer nos engagements envers une langue plus inclusive dans chacune d’entre elles. 

  • En anglais, on rend nos formulations neutres en utilisant par défaut le pronom « they » tant qu’on n’a pas validé le pronom choisi et en accordant en conséquence.
    Ex : They just emailed me about a technical problem on their computer. I’m gonna call them to help. 
  • En espagnol, une tendance actuelle est de placer un X en terminaison dans les mots finissant en -o/-a.
    Par ex. : Lxs chicxs son bonitxs. (principalement utilisé par les hispanophones en situation minoritaire, comme aux États-Unis).
    Une autre alternative est de les remplacer par @ (par ex. : Tod@s l@s chic@s) ou par e (par ex. : amigos, amigas y amigues)

Autres ressources

En ligne

En librairie et bibliothèque

  • Suzanne Zaccour et Michaël Lessard, Dictionnaire critique du sexisme linguistique, Éditions Somme toute, 2017.
  • Suzanne Zaccour et Michaël Lessard, Grammaire non sexiste de la langue française. Le masculin ne l’emporte plus !, Syllepse, 2017.